Manuel Zabollone

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« Toute forme est une image errante » Ovide, Les métamorphoses, l'an 1 de notre ère
Tout être est une histoire vagabonde.
Je suis né en 1971 au Sénégal, pays d’où je ne suis jamais tout à fait revenu.
À moins que ce ne soit de l’Enfance.
Après les Beaux Arts de Nantes, je passe un CAP de peintre en bâtiment.
5 ans plus tard j'obtiens le CAPES d’arts plastiques.
Je suis professeur d’arts plastiques depuis 13 ans en collège.
Durant ces années, je m’initie à la bande-dessinée à la maison Fumetti et suis des cours de théâtre. Cela me fait vivre plus intensément, dans le mouvement, le geste, l’émotion.
Dans ma salle de classe, je récupère soigneusement des bouts de pastels
délaissés par les élèves car trop petits ou trop sales,
des stylos bille égarés ou écrasés, même les bouts de papier, j’ai du mal à les jeter.
Ils sont comme des choses qui demandent à advenir,
, je crois intimement à la puissance des bouts de ficelles et au pouvoir des escargots : jamais là où nous les attendons.
Puis, le confinement. De cette parenthèse ont surgit sur des formats grand aigle de grandes figures colorées. Esprits de la Nature, puissants et doux, inquiétants, absorbés dans la contemplation d’autre chose.
La Nature, la Vie, aux formes multiples, aux couleurs hypnotiques, parfois si artificielles, chatoyantes, lumières ténues, éclatantes comme un tableau de Pierre Bonnard, m'enchantent.
De les observer cela me pose LÀ.
Car la question d’être LÀ me trouble.
Comment être enfin LÀ ?
Complètement présent LÀ,
présent à ce que je suis
comme
le galet sur la plage,
le brin d’herbe sur le bord du chemin
la méduse dans le courant marin.
Je suis simplement l’homme, cet animal qui doit trouver
sa raison d’être là.
Toute œuvre humaine est donc aussi la création d’une mythologie personnelle.
Regarder, observer, créer des formes, avoir foi en elles. Les charger de sens.
Peut-être que leur simple présence là devant vous suffit à nous donner une raison d'être ?
Où bien dois-je prier devant ces dieux de papier ?